Comme toujours avec Yves Citton, son propos est puissant et complexe… Sa grande force est d’aller puiser dans les concepts les plus neufs, nous les offrir, et surtout, les agencer entre eux pour nous les éclairer. Ses livres sont toujours riches… Ils offrent à penser. Reste que la brièveté de ce Faire avec est bien difficile à résumer, tant son propos est dense.
Le corps du petit essai que Citton adresse aux peuples de gauche est une invitation à l’apaisement. Il cherche à trouver les modalités pour nous “battre contre ce qui nous détruit en cessant de nous battre entre nous”. Il nous invite à faire avec les impatiences de tous. A la suite de Baptiste Morisot, il nous invite à “tenir ensemble des coexistences irréconciliables, mais inséparables”, à pratiquer des “égards ajustés” pour apaiser nos dynamiques scissipares pour mieux apprendre à nous accommoder, à “faire avec” nos conflictualités…
Mais en le résumant ainsi, je constate que je ne dis rien de ce qui agite ce petit livre, pas plus de ce qui m’y agace – notamment toute la dernière partie sur le capitalisme viral avec lequel il nous invite à composer également, oubliant peut être qu’il y a une asymétrie intrinsèque à ces outils que pointaient bien les travaux de Schradie, qu’il y a une différence fondamentale entre la demande d’évolution, de changement, de justice et la pesanteur des forces libérales et conservatrices.
Bref, ce petit livre nécessiterait plus de temps que je n’en ait pour être déplié, mais je vous invite à y jeter un oeil curieux…
Hubert Guillaud
A propos de Faire avec : conflits, coalitions, contagions, Les liens qui libèrent, mars 2021, 192 pages.