Que ce petit livre fait du bien ! En faisant le récit de la crise épidémique, Barbara Stiegler nous réveille. Non, nous ne sommes pas fous, c’est bien ce pouvoir qui l’est !
Nous avons été anesthésiés, “occupés”, intoxiqués par des éléments de langage inédits, construisants un monde binaire, simpliste et infantilisant. En basculant “en Pandémie”, nous avons été colonisés par un imaginaire psychotique qui nous tient à distance de notre État de droit, et pire, de la démocratie qui s’est retrouvée sur le banc des accusés, tout comme l’esprit critique. Nous avons été renvoyés à nos responsabilités individuelles par ceux qui n’ont assumés aucune des leurs. Renvoyés à nos écrans, nous avons assuré une continuité qui a surtout été une accélération du capitalisme numérique et de la néoliberalisation de notre société, transformant encore un peu plus la santé, l’éducation et le travail en simples produits consommables, renforçant toujours plus la compétition interindividuelle. Nous avons accepté de mettre à distance et donc de dissoudre un peu plus nos collectifs critiques pourtant si essentiels. La crise a été pour le pouvoir une opportunité inédite pour continuer son projet de disloquer la société. Il serait temps de revenir aux mobilisations, et surtout à la démocratie, avant qu’elle ne disparaisse dans une Pandémie perpétuelle, nous rappelle-t-elle.
Décidément, cette relecture de 2020 fait plus de bien qu’un anxiolytique ou qu’un apéro sur Zoom ! Barbara Stiegler nous soigne du Covid, bien mieux que l’hydroxychloroquine !
Hubert Guillaud
A propos du livre de Barbara Stiegler, De la démocratie en pandémie, santé, recherche, éducation, Gallimard, “Tracts”, janvier 2021, 64 pages.