Dans son dernier livre, Laurent de Sutter tisse le lien de l’histoire de la production des psychotropes pour mieux souligner le but commun de cette réorganisation chimique de l’homme : éteindre la vie, pousser les individus à l’aliénation, à refuser toute excitation et donc toute sublimation. La dépossession de la chimie même de nos corps a pour but de nous enlever notre énergie vitale, de nous tenir rationnels pour nous laisser au travail, 24/24 comme dirait Jonathan Crary. Notre chimie est le lieu même de la reprogrammation psychopolitique ourdie par le narcocapitalisme. “L’âge de l’anesthésie est l’âge où chaque problème doit être considéré comme relevant de celui qui en souffre, sans que jamais, jamais, celui-ci puisse être réinscrit dans ce qui le dépasse”. C’est court. Pêchu. Finalement parfois un peu convenu.
Hubert Guillaud
A propos du livre de Laurent de Sutter, L’âge de l’anesthésie, la mise sous contrôle des affects, éditions Les liens qui libèrent, mai 2017.